Des arbres tentaculaires aux membres nus
Un décor
Résidu de forêt
Une dame âgée avance
Courbée cahotante
Sur son passage se déploient
Se tordent
Des branches aux lignes sinueuses
Qui tentent de l’attraper
La sonnerie d’un gsm retentit
Électrique
Déchire le silence
Alors doucement le moteur d’une vieille guimbarde se met à ronfler
Un chœur de pigeons roucoule
S’élèvent quelques battements d’ailes sonores
Et la dame âgée
Claudicante cacochyme
Réchappe des membres griffus
Gagne la rue du Bien-Faire
Écrasée par un ciel lourd de nuages amoncelés
Le point de fuite creuse sa ligne d’horizon
Le chat couché en chien de fusil ignore l’autre qu’on coiffe au poteau
La mousse s’immisce entre les pierres
Entre les vitrines
Le lierre avale le béton
Une rangée de pierres dressée par des géants se hérisse
Il ne reste que leurs mégots
Dix-huit lampadaires éclosent en boutons d’or
Un silence ancien recouvre la cime des arbres
Qui muent par lambeaux
Laissent entrevoir leur peau verte et neuve
Sous l’écorce séchée
Plus un bruit derrière les échafaudages tendus de tissus
Le clac d’une porte automatique qui s’ouvre et se ferme engloutit
Ce qu’il reste d’humanité